La Porte des Enfers

Publié le par mrs pepys

            couvgaudeLe jour où son fils est mort, blessé dans une fusillade, la vie de Matteo a basculé. Sortir de chez lui, reprendre le volant de son taxi, tout lui coûte. Il cherche bien à apaiser sa peine en fomentant une vengeance qu'il ne parvient pas à mener à terme. Sa femme finit par disparaître, rongée par le chagrin et déçue de ne pas se voir offrir la tête de l'assassin. Mais le hasard amène Matteo à croiser une singulière bande de camarades infortunés. Hormis une prostituée, un tenancier de café et un curé obligé de soutenir un siège dans sa propre église, se trouve présent un professeur ostracisé. Il faut dire que ses discours passionnés sur la mort et les enfers ne manquent pas de surprendre. Matteo pense tenir là une occasion rêvée et n'hésite pas à jouer les Orphée.

 

            Laurent Gaudé livre un roman étonnant, autant par les thèmes abordés que par le ton. L'anéantissement des parents qui perdent un enfant est certes récurrent dans la littérature, mais il est abordé ici du point de vue original de chacun des parents. Le désespoir de Giuliana prend la forme de malédictions, d'une manière de renoncement à la vie. De ces imprécations émane une douleur et une émotion palpables. Quant à Matteo, il se sacrifie pour son fils en lui offrant une deuxième chance. La religion s'étant révélée inefficace, voire indifférente, au déchirement qui torture Giuliana, le choix de Matteo entraîne le lecteur dans une autre conception de l'Au-delà. La place faite aux Enfers, ainsi que la réflexion menée sur ce monde hérité des mythologies antiques, sont sans conteste les éléments les plus passionnants de l'œuvre, ceux qui laissent le souvenir le plus vivace.

            La Porte des Enfers est par ailleurs un hommage à la ville de Naples, mais pas à celle que l'on offre en pâture aux touristes. Ce sont les bas fonds qui sont mis à l'honneur, sublimés sans que soient évacuées la violence ou la détresse de ceux qui y vivent.

            L'alternance des récits du présent et de ceux du passé, mais aussi des points de vue, suscite un rythme haletant, qui laisse en suspens les différentes parties de l'intrigue. Le style varie en fonction des personnages, des situations, flirtant par moments – un peu trop nombreux, à mon goût – avec la parataxe. Il s'agit donc d'une lecture accaparante, qui ne peut laisser indifférent.

 

La Porte des Enfers, Laurent Gaudé, 2008.

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F
<br /> <br /> Bonsoir Mrs Pepys<br /> <br /> <br /> J'ai bien aimé ce roman et j'en ai fait un commentaire sur mon blog.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Commentaire que je vais aller lire de ce pas.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Un coup de coeur pour moi !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Il ne peut pas laisser indifférent.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> C'est un roman que j'avais beaucoup aimé<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Et on comprend aisément pourquoi. <br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Lorsque j'ai vu le titre, un petit doute c'est immiscé :" tu connais ça" ! Et effectivement, ton article remémorre un autre article sur ce livre. Il m'attirait déjà mais cette fois, je le mets<br /> dans ma LAL.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Biz, nanet<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> J'espère que tu pourras vite le faire passer dans ta PAL.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> je l'avais bien noté celui-ci! vivement la biblio!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Vivent les bibliothèques, effectivement : c'est là que j'ai péché cette petite merveille.<br /> <br /> <br /> <br />