Polynie

Publié le par mrs pepys

            couvpolynieAmbroise Nicolet vit sur l'île de Baffin, dans l'archipel polaire canadien. Dans les entrailles de ces terres hostiles se dissimulent des richesses longtemps négligées, tel l'or qu'exploite la mine où Ambroise exerce le métier de cuisinier. Peu à peu libérées de leur sarcophage de glace, les régions proches du cercle arctique sont l'objet de convoitises internationales. Pour défendre les droits canadiens face aux appétits russes ou chinois, Rosaire Nicolet, son frère, s'est aussi installé dans la région. Et c'est dans ce bout du monde que s'achève la vie de l'avocat. Pour faire son deuil, Ambroise, hébété, cherche à comprendre ce qui est arrivé. Avec l'aide d'une journaliste fouineuse et d'un pilote un brin excentrique, d'Iqaluit à Pangnirtung, en passant par Montréal, il s'efforce d'éclaircir les circonstances de la mort de Rosaire. Cette pseudo enquête est également pour Ambroise l'occasion de revenir sur le passé, de faire un point sur sa vie et sur ses sentiments pour la belle Marcelline.

 

            Que le lecteur aspirant à une enquête passe son chemin ! Point de police ni de détective dans ce roman. C'est surtout dans son for intérieur et dans sa connaissance des proches de Rosaire (pas toujours aussi aiguisée qu'il le pensait) qu'Ambroise fouille pour élucider le mystère. Certes il farfouille un peu dans l'appartement de son frère, jette un œil aux biens que la police lui remet et écoute d'une oreille attentive les révélations de Mitsy, la journaliste. Mais très vite il s'inquiète davantage de découvrir que Rosaire lui cachait bien des aspects de sa vie. Mélanie Vincelette se penche avec délicatesse sur les relations fraternelles, et sait s'y prendre pour rendre sympathique le personnage d'Ambroise.

            Au-delà de l'intrigue, l'intérêt de ce roman réside en grande partie dans la réflexion sur le devenir des terres proches du cercle polaire arctique. Sont aussi bien abordées les querelles territoriales pour le contrôle des fonds marins et de leurs ressources que les relations du gouvernement canadien – ou des défenseurs de la nature – avec les populations indigènes, les Inuits. Les tractations qui se jouent autour de ces régions du globe sont finalement peu mises en avant, et elles jouent ici un rôle essentiel dans l'intrigue, ne se limitant pas à être une toile de fond. L'auteur met le doigt sur des questions douloureuses, trop souvent ignorées du grand public, sans pour autant tenir un discours revendicatif. Là se trouve sans doute l'aspect du roman qui m'a le plus séduite.

 

Merci à Livraddict et aux éditions Robert Laffont qui ont permis cette découverte d'un auteur et un moment de lecture agréable.

 

Polynie, Mélanie Vincelette, 2011.

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