Lira bien qui lira le dernier
Dans ce court ouvrage, Hubert Nyssen s'adresse à une lectrice imaginaire, mademoiselle Esperluette. Jour après jour, il rédige une lettre où il s'efforce de répondre à ses inquiétudes concernant l'avenir de la lecture, du livre en tant qu'objet. Il s'interroge ainsi sur le métier d'écrivain, sur la place du livre dans la société contemporaine et dans les médias. Il esquisse des portraits de lecteurs, d'écrivains ou de critiques, questionnant le rôle de chacun d'eux dans le devenir du livre. Fort de son expérience de lecteur, d'auteur et d'éditeur, Hubert Nyssen chicane l'idée d'une "crise du livre".
Sur un ton souvent moqueur, qui ne se départit cependant pas de sérieux, l'auteur mène tranquillement sa démonstration. Il glisse habilement d'un thème à l'autre. Quelques vérités bien senties, dont la lecture profiterait à certains, sont assenées. Le lecteur s'amuse autant qu'il apprend ou qu'il se laisse aller à la réflexion. Il se délecte d'une langue riche, où des termes précis et parfois un peu savants favorisent la concision. Voici donc un petit essai, nourri d'anecdotes personnelles, à même de régaler les amoureux des livres.
Deux petites mises en bouche, pour le plaisir.
"L'obsession du voyeurisme a pris la place du plaisir de lire et, constatez-le, les aveux indiscrets plaisent aujourd'hui plus que les bonheurs d'écriture (ainsi que, dans ma jeunesse, on les appelait."
"Aussi, en passant, acceptez un conseil : dans la crainte (si vaine) de n'être pas au fait de l'actualité, ne vous avisez pas de vous transformer en dévoratrice sans mesure. Le bon Jules Renard disait que chaque lecture "laisse une graine qui germe". Accordez à ces graines le temps de germer, de fleurir. Bien lire n'est pas trop lire, c'est encore moins lire par force."
Lira bien qui lira le dernier (Lettre libertine sur la lecture), Hubert Nyssen, 2004.