Les trois lumières
Par un dimanche ensoleillé, après la messe, un père accompagne sa fille aînée chez les Kinsella. Le couple accueille l'enfant pour soulager sa mère qui arrive au terme d'une nouvelle grossesse. Troublée par l'attitude aussi prévenante que bourrue de ses hôtes, la narratrice est d'abord craintive. Elle découvre, en quelques jours, un autre mode de relation avec les adultes, dans une ferme où la vie est bien plus paisible qu'au sein de sa nombreuse fratrie. Elle apprend aussi à connaître les Kinsella et le malheur qui a comme figé leur vie. Quand vient l'heure de rentrer chez elle, l'enfant n'est plus tout à fait la même.
En une centaine de pages, Claire Keegan réussit à susciter nombre d'émotions. Elle s'attarde autant sur les relations humaines que sur le spectacle de la nature. La campagne est présentée comme elle apparaît aux yeux de la jeune narratrice. L'atmosphère chaleureuse, mais cependant pesante, de la maison où elle séjourne ne dévoile ses secrets qu'avec précaution, à mesure que l'enfant apprend à connaître les Kinsella. Grâce à une foule de détails, les relations de voisinage, où s'entremêlent entraide spontanée et curiosité mâtinée de jalousie, sont subtilement dessinées. Les gestes plus que les mots permettent de se comprendre. A ce récit tout en retenue vient s'accorder un style délicat, que la traduction a su respecter.
Si ce roman se lit en peu de temps, il distille dans l'esprit matière à cogiter bien après avoir achevé la dernière page.
Les trois lumières, Claire Keegan, 2010.