Les chaussures italiennes
Ayant été conquise par les romans policiers de l'auteur, j'ai fini par succomber à la curiosité de lire un de ses autres romans. Une fois encore je me suis laissée influencer par les critiques des blogueuses, et j'ai jeté mon dévolu sur Les chaussures italiennes.
Cette île, Fredrik Welin la connaît depuis son enfance. C'est là qu'il venait passer les vacances de son enfance. A soixante-six ans, il vit reclus sur l'île devenue sienne. Sa tranquillité n'est rompue qu'à intervalles réguliers par les apparitions de Jansson, le facteur. Quelle n'est pas sa surprise quand, un matin glacial d'hiver, il aperçoit une vieille dame s'approcher du rivage, peinant sur la glace avec son déambulateur. Cette visite impromptue fait basculer sa vie. Harriet, l'amour de jeunesse qu'il a autrefois abandonné, vient lui demander de tenir une promesse faite quarante années auparavant. Fredrik finit par céder aux exigences de cette femme malade, et cette décision l'entraîne bien plus loin qu'il ne l'avait imaginé.
Henning Mankell semble avoir un intérêt particulier pour les personnages bourrus, un brin misanthropes. Non seulement le héros de ce roman est un ermite, retiré sur son île avec son chien et son chat, mais la galerie des personnages secondaires pourrait être une forme d'inventaire de caractères aussi bien trempés qu'originaux. Derrière toutes ces étrangetés se dissimulent autant de blessures, de manques, conséquences de choix souvent malencontreux.
En dépit de la pesanteur des thèmes abordés, le ton est régulièrement léger. L'humour trouve sa place dans des situations de prime abord dramatiques. Les personnages ont la capacité de voir le verre à moitié plein, quand bien même ils s'effondrent ou s'emportent par moments. Rédemption rime avec résurrection. S'excuser, s'arrêter pour faire le point au lieu de se cacher la tête dans le sable sont autant de solutions que découvre Fredrik - qui, néanmoins, ne cesse jamais de grommeler - pour renouer avec la vie.
On se laisse prendre par l'intrigue, et en refermant le livre, demeure la réflexion menée sur la relation de l'individu avec ses semblables ou avec la nature, sur le poids des conventions sociales. Et on garde en mémoire, pour plus tard, si la vie en société devenait trop pesante, la possibilité de se retirer au fin fond d'une forêt ou sur une île.
Les chaussures italiennes, Henning Mankell, 2006.