Le club des philosophes amateurs
Sans grand enthousiasme, Isabel Dalhousie se rend au concert donné par l'Orchestre symphonique de Reykjavik à l'opéra d'Edimbourg. Si la prestation musicale ne lui laisse pas de souvenir impérissable, elle est le témoin d'une chute fatale : un jeune homme se tue en tombant du paradis. L'image de ce corps passant devant ses yeux persiste, et Isabel, toujours encline à s'interroger sur les motivations de ses actes ou de ceux des autres, cherche à comprendre ce qui s'est passé. Sans négliger son travail de directrice de la Revue d'éthique appliquée, la philosophe fait jouer ses relations, profite du hasard des rencontres dans une petite ville. Elle ne perd, par ailleurs, pas de vue les affaires sentimentales de sa nièce qui ne cesse de la soucier. Et, à son rythme, elle fait la lumière sur ce qui n'aurait dû rester qu'un fait divers.
C'est avec bonheur que j'ai découvert, grâce à Cécile, que La douce tranquillité des samedis faisait partie d'une série. J'ai donc souhaité prolonger le plaisir en lisant le premier volet des aventures philosophico-investigatrices d'Isabel Dalhousie. On aurait pu penser que prendre à rebours une série gâcherait la découverte de cet univers, un brin défloré par ma précédente lecture – en particulier les aspects de l'intrigue concernant la vie privée de l'héroïne. Que nenni. Il fut au contraire très agréable de voir se mettre en place les relations entre Isabel et son entourage – le jeune Jamie, amoureux éconduit par sa nièce Cat, ou encore sa bonne grincheuse, Grace. Ici aussi, le versant policier de l'intrigue n'est pas le plus passionnant. Ce qui séduit, c'est davantage le penchant d'Isabel à lire, de ses yeux de philosophe, le quotidien et les gestes de ses contemporains. Le thème de la vérité, et de l'opportunité de la révéler, est un fil conducteur du roman, par exemple. L'honnêteté en politique ou la question de l'environnement sont également évoqués. Et une large place est faite à la peinture, à la musique (l'évocation de "l'Orchestre épouvantable" ne peut manquer de faire sourire) ou à la poésie (avec Auden surtout, le poète favori d'Isabel). Voici donc une série hautement addictive, à laquelle je ne saurais résister longtemps (les deux prochains volumes sont d'ores et déjà dans ma PAL).
Le club des philosophes amateurs, Alexander McCall Smith, 2004.