Le bonheur est assis sur un banc et il attend
Sur les conseils de leur fils, Roxane et Philippe Larrivée ont acheté un immeuble, qu'ils souhaitaient restaurer ensemble. Mais Vincent a mis fin à ses jours. Treize ans plus tard, ses parents sont toujours propriétaires du 4370, rue Fabre, remis à neuf, comme un hommage. C'est là qu'ils vivent, avec des locataires qui savent tout, ou presque, de leur deuil sans fin. Les hôtes de l'immeuble, en dépit d'âges et de préoccupations variés, coexistent en bonne entente. On aide Mme Edouard, une veuve encore pimpante, quand son chat disparaît. On se réjouit du bonheur naissant de Jeanne et Nicolas. On s'arrête dans l'escalier pour écouter Charlotte au violon. On aide Pierre à rentrer chez lui quand l'ivresse l'empêche de déverrouiller sa porte. On se retrouve au dépanneur de M. et Mme Ngyuen. Et on se réunit chaque année pour fêter l'anniversaire de Vincent aux côtés de ses parents.
Les premières pages de ce roman décrivent le quotidien et les états d'âme des habitants des lieux. L'atmosphère et l'attention portée au détail font, mutatis mutandis, écho à La Vie mode d'emploi de Pérec. On s'attend à découvrir des portraits en parallèle de personnages qui, parfois, se croisent et partagent un café ou une amitié. Et puis s'élabore lentement une intrigue qui mêle plus intimement les destins de ces hommes et de ces femmes. Un drame vient en remplacer un autre, qui en brise certains, en réunit d'autres et en fait s'épanouir d'autres encore. L'irruption de la violence, progressive, mais répétée, dans cette petite communauté, éveille une étonnante solidarité. Tout en poursuivant sa destinée propre, chaque personnage participe à la résolution du deuil collectif des Larrivée. Janik Tremblay offre ici, dans une langue d'une fraîcheur et d'une simplicité apaisantes, une belle leçon d'optimisme.
Merci à Blog-o-Book et aux éditions Points pour cette incursion dans la littérature québécoise.
Le bonheur est assis sur un banc et il attend, Janik Tremblay, 2009.