La Séance
Londres, fin du XIXe siècle. Pour tenter de calmer le chagrin de sa mère, anéantie depuis la mort de sa fille cadette, Constance Langton fait une incursion dans les salons de spiritisme. Loin d'être concluante, cette expérience permet à la jeune fille de mieux comprendre cet art souvent proche du charlatanisme. Elle est ainsi armée lorsque, devenue orpheline, elle reçoit en héritage d'une tante inconnue un manoir à la réputation fort noire. Disparitions, alchimie, mesmérisme, fantômes : des forces étranges semblent à l'œuvre à Wraxford Hall. Ne parvenant pas à convaincre Constance de vendre la propriété, le notaire John Montague, chargé de la succession, lui fait parvenir un ensemble de documents qui éclairent le principal des mystères : la disparition d'Eleanor Unwin. Faisant fi des difficultés et des interdits, Constance n'a désormais de cesse de découvrir le fin mot de l'histoire.
Eu égard le titre et les premières pages du roman, on peut d'abord penser avoir affaire à une intrigue dont le cœur serait le spiritisme, très en vogue à l'époque victorienne. Mais il s'agit surtout d'un moyen de présenter à la fois le cadre de l'histoire et l'héroïne. Mieux au fait des pesanteurs sociales, des superstitions du moment et du caractère de Constance, le lecteur est davantage à même de comprendre l'enchaînement des événements et les choix de la jeune fille. Le ressort principal du récit n'est rien moins que la volonté de Constance de résoudre la disparition d'Eleanor Unwin. Pour cela, John Harwood construit l'intrigue à partir de témoignages écrits laissés par des protagonistes de cette affaire – John Montague ou Eleanor. La multiplication des points de vue place le lecteur sur un pied d'égalité avec l'héroïne, lui permet de bâtir sa propre théorie concernant le mystère et accroît considérablement la tension. Le récit est haletant, et l'on attend le dénouement avec impatience, mais on espère aussi qu'il ne s'achève pas trop vite car le style est plaisant et l'atmosphère de l'Angleterre victorienne particulièrement bien rendue.
Quel plaisir de découvrir et de se délecter de pareil roman ! Merci à Solène des éditions du Cherche-Midi, qui a permis cette passionnante lecture.
La Séance, John Harwood, 2010.