La disparue du Père-Lachaise
Plusieurs mois se sont écoulés depuis que Victor Legris s'est essayé au métier d'enquêteur dans les allées de l'Exposition Universelle. Il a retrouvé sa vie de libraire rue des Saints-Pères et poursuit sa romance avec Tasha. La douce monotonie de son quotidien est troublée par l'irruption de Denise, la jeune bonne d'Odette de Valois, sa précédente maîtresse. Odette semble s'être volatilisée au cours d'une visite sur la tombe de son mari dans le cimetière du Père-Lachaise. Doutant d'abord de l'honnêteté et de la fiabilité de la petite bonne, Victor ne parvient pas à résister à ses démons : le voici lancé sur les traces d'Odette, récemment convertie à la mode du spiritisme. Des grands boulevards aux ruines de la Cour des comptes, en passant par le Père-Lachaise et les archives criminelles, il arpente Paris pour faire la lumière sur ce nouveau mystère.
Dans ce second volume des aventures du libraire-enquêteur, l'intrigue est menée avec brio. Le mystère se construit avec intelligence, avant de se dénouer naturellement, sans découvertes rocambolesques ni précipitation. De petits indices sont disséminés dans le corps de l'histoire, ce qui laisse au lecteur la possibilité de se faire une idée du dénouement.
Une fois encore l'atmosphère du Paris de la fin du siècle est magnifiquement rendue. La galerie de personnages, aussi vraisemblables que pittoresques, comme les descriptions de la ville participent de l'immersion du lecteur dans le roman. Les grands rappels historiques sont délicatement insérés dans le récit à l'attention du novice, tandis que des détails singuliers y sont ajoutés pour le plus grand plaisir du lecteur davantage connaisseur de la période. L'intérêt porté à la religion (le carnaval de la mi-Carême est intégré avec talent dans le déroulement de l'intrigue) et au spiritisme met en valeur les préoccupations de cette fin de siècle. Le style est particulièrement plaisant, sans prétention aucune. Les dialogues sont soignés, usant de tournures et d'un vocabulaire propres à chaque catégorie sociale de l'époque. Enfin, les personnages principaux sont étoffés et leurs relations évoluent, ce qui évite de répéter un même mode d'enquête d'un roman à l'autre.
La disparue du Père-Lachaise, Claude Izner, 2003.