La brocante Nakano
Dans la boutique de Monsieur Nakano règne un joyeux capharnaüm. Babioles du quotidien, livres, meubles, œuvres d'art se côtoient, rassemblées au gré des récupérations effectuées chez les particuliers qui déménagent, auprès d'héritiers qui bradent les reliques d'un défunt, ou déposées par des propriétaires lassés. Pour tenir sa brocante, Haruo Nakano s'appuie sur ses employés, la timide Hitomi et le ténébreux Takeo, et parfois sur sa sœur Masayo, une artiste fantasque. Au fil des chapitres, qui coïncident avec la vente ou à l'acquisition d'un objet, ou encore avec un événement lié à la boutique, la vie des protagonistes est exposée du point de vue d'Hitomi.
L'intrigue est donc construite à deux niveaux. On découvre d'un côté la vie d'un commerce un brin extravagant, avec ses clients aux requêtes parfois surprenantes. Et de l'autre on suit l'évolution des personnages, leurs histoires d'amour, leurs états d'âme. Et le lecteur de s'attacher à l'un comme à l'autre. Il s'émeut des décisions prises au sujet des lieux comme des aventures des hommes et des femmes qui le peuplent. Ces tranches de vie sont aussi l'occasion de se familiariser avec des habitudes nippones, touchant à la fois au quotidien de ces personnes ordinaires et au poids des traditions ou à une manière de penser le monde. Dans ce roman aussi, Hiromi Kawakami réussit le pari de divertir son lecteur par de petites histoires qui sont autant de fenêtres ouvertes sur le Japon contemporain. Le ton est plutôt léger, mais révèle plus qu'il ne dissimule les blessures et les drames de ceux qui ne parviennent jamais à être pleinement heureux. Lorsqu'il s'achève, ce roman laisse l'impression étrange d'un bon moment de lecture, teinté de mélancolie.
La brocante Nakano, Hiromi Kawakami, 2005.
Onzième et avant-dernière lecture dans le cadre du challenge In the Mood for Japan.