Mystère rue des Saints-Pères
Quand on aime l'histoire au point d'avoir choisi de l'enseigner, le roman policier et historique a comme un goût de friandise. J'en ai croqué d'excellents comme de médiocres, mais ne m'étais encore jamais frottée aux œuvres de cet écrivain double qu'est Claude Izner. A la faveur des vacances de Noël, cette lacune a été heureusement comblée.
Juin 1889. L'Exposition universelle bat son plein à Paris. A l'ombre de la tour érigée par M. Eiffel s'étend un immense village bigarré où camelots et petits restaurateurs n'épargnent guère le promeneur. Les splendeurs de l'empire colonial s'exposent aux yeux de Parisiens bouffis de préjugés. Au milieu de cette foule, un assassin homicide de pauvres bougres, en usant d'un étrange procédé. Victor Legris, libraire de son état, se trouve mêlé malgré lui à cette affaire. Entre une histoire d'amour naissante et les agissements suspects de son associé et mentor, Kenji, le jeune homme ne sait où donner de la tête. La curiosité aidant, il fait ses premiers pas d'enquêteur, et y prend goût.
Le seul regret concernant cette lecture est d'avoir attendu aussi longtemps pour la faire. Ce roman, comme son personnage principal et le travail de reconstitution historique, m'ont totalement séduite. Le rythme n'est pas échevelé et on prend le temps de flâner, d'observer, de réfléchir pour arriver au dénouement sans retournement rocambolesque. On s'immerge dans une ambiance tout autant qu'on découvre une intrigue. Le mystère n'est pas opaque au point que le lecteur n'en devine la chute, mais là n'est pas l'essentiel de l'œuvre. Les références historiques et littéraires abondent. La plume est élégante, sans être trop apprêtée. Me voici donc convertie. Et comme la série se poursuit, m'attendent sagement plusieurs romans que j'espère aussi sympathiques. Pour la prochaine incursion, une précaution s'impose néanmoins : faire un saut rue des Saints-Pères pour s'approvisionner en délicieux palets du chocolatier Debauve et Gallais, et ainsi gentiment agrémenter la lecture.
Mystère rue des Saints-Pères, Claude Izner, 2003.